II allait les quitter et voilà qu’il leur dit : « Le monde est incapable de recevoir l’Esprit parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. » L’Esprit d’amour du Père, comment le verrait-on si on se laisse emporter par les jeux du profit, où entendre parler d’enrichissement des riches, d’appauvrissement des pauvres, d’égalité sociale, d’accueil de l’immigré, de partage du travail, d’oubli du non-marchand devient insupportable ? si on se laisse emporter dans les jeux du pouvoir où l’idée de service, d’écoute et de partage sonne comme une naïveté ? est-ce bien là notre monde ?
II avait ajouté : « Vous, vous le connaissez, l’Esprit du Père parce qu’il demeure auprès de vous. » Oui mais voilà, souvent on s’en est écarté. Tentés par le profit, on s’est mis à compter le nombre des fidèles. Tentés par le succès, on a multiplié les grands rassemblements aux allures de triomphe, on a conquis la presse pour montrer qu’on est là, on a parlé de conquête et puis de reconquête. Tentés par le pouvoir, on a privilégié toute forme d’autorité, de grades et de breloques, de vérités à croire et de gestes interdits. Est-ce bien là notre Eglise ?
« Mais je reviens vers vous », avait-il encore dit. Et depuis lors, toujours l’Esprit d’amour du Père s’insinuerait en nous, humblement, patiemment. Ebranlerait l’édifice de nos hiérarchies, de nos airs importants et de nos certitudes. Rappellerait les valeurs qui font que l’homme est grand : liberté de conscience et respect des droits de l’homme, accueil du plus petit, écoute et partage. Et comme tout pouvoir aime avoir le dernier mot, il arriverait parfois qu’on soit découragé. Mais on se souviendrait qu’il avait dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins. »