« Qui accueille un prophète parce qu’il est prophète sera récompensé. » Qui donc est un prophète ? Mais c’est celui ou celle qui ne se contente pas de répéter sans cesse ce qu’on disait autrefois, de refaire les mêmes gestes, trouvant dans ce refuge foi et sécurité. Lui, il ouvre à l’avenir car il est en recherche, il pose les vraies questions sur le sens, sur la foi, sur la vie, sur la mort. Evangile à la main, il nous met en question. Et il s’insurge quand la loi passe avant l’homme. Accueillir un prophète n’est pas de tout repos…
« Celui qui accueille un juste parce que c’est un juste sera récompensé », avait-il ajouté. Mais qui donc est un juste ? Celui qui ne croit pas qu’il suffit d’être en règle avec les commandements, la morale officielle, au point d’en être fier, pharisien d’aujourd’hui, d’en avoir un gros cou, de faire la leçon. Mais l’Evangile au coeur, sans savoir s’il est juste, en toute humilité, tente de mettre ses actes, ses croyances et sa vie en pleine conformité à l’amour d’un Jésus qui, un jour, l’a séduit. Le juste qu’on accueille peut être dérangeant…
« Qui accueille un petit parce que c’est un petit sera récompensé », avait-il dit enfin. Comme s’il avait craint que le prophète et le juste, ces gens qui ont un rang, ne nous fassent oublier tous ceux qui n’en ont pas, qu’on repousse, qu’on écarte, dont on parle tout bas, qu’on regarde de haut et grand merci, Seigneur, de n’être pas comme eux : étrangers, immigrés, hérétiques, pécheurs, jeunes à la dérive et bouches inutiles. Accueillir un petit, le Jésus d’aujourd’hui, même dans son Eglise, ce n’est pas évident.