LE JEUNE SALOMON vient de succéder à son père, le grand roi David. C’est un tout jeune homme sans expérience. Sans doute se sent-il écrasé par l’ampleur de la tâche. Sur la colline deGabaon, il offre un immense sacrifice à Dieu, afin que celui-ci le prenne sous sa protection. La nuit, le Seigneur apparaît à Salomon dans un songe et lui dit en substance : « Demande-moi tout ce que tu veux, et je te le donne ! »
Le jeune roi pourrait demander la richesse, la puissance, la gloire, le succès, la victoire sur les ennemis… Il réfléchit et demande cette simple chose : « Donne à ton serviteur un coeur attentif ». Formule que Soeur Jeanne d’Arc, religieuse dominicaine, grande bibliste, traduisit par : « Donne-moi un coeur qui écoute ». Arrêtons-nous sur ce conseil qui, à lui seul, peut nourrir notre méditation de ce dimanche, voire une bonne part de ce temps estival.
Que pouvons-nous, en effet, demander de plus important à Dieu que le sens de l’écoute. L’écoute est le fondement de toute vie spirituelle. Les juifs pieux récitent chaque jour le « Shema Israël » : « Écoute, Israël, le Seigneur ton Dieu… » L’écrivain André Chouraqui proposa une traduction surprenante de cette célèbre prière : « Tais-toi, Israël ! » Manière salutaire de rappeler que pour écouter , il faut commencer par se taire ! Oui, la vie spirituelle suppose que nous fassions taire en nous toute cette cacophonie savamment orchestrée par notre ego qui nous empêche d’entendre le murmure du Seigneur.
Il n’y a pas d’écoute véritable de l’autre – Dieu, mon prochain –, sans silence. Le silence est peut-être le plus beau et le plus grand des gestes d’amour.
Oui, il faut savoir se taire pour trouver dans le champ de notre humanité le trésor caché de l’Éternel…