Remarquons déjà comment s’y prend Jésus. Il est fin pédagogue. Je me rappelle mes années de collège. Quand le maître interrogeait mon voisin, je voulais toujours répondre car j’avais la réponse toute prête. Mais quand il posait la question à moi, je me sentais paralysé et je ne savais plus quoi dire. Or je crois que cela se répète toujours : nous savons répondre quand on ne nous interroge pas et nous ne savons plus quand nous sommes concernés directement !
Cela, Jésus le sait et il en profite, non pas pour nous piéger, mais pour nous mettre à l’aise. Très habilement il commence par poser la question en général : « pour les gens qui est le Fils de l’homme », c’est-à-dire lui-même ? C’est comme s’il disait : répondez à la place des autres… et alors les réponses fusent de toutes parts : Jean-Baptiste, Élie ou Jérémie… Tous les prophètes dont on espère le retour y passent. Les disciples sont à l’aise car ces réponses ne les engagent pas. C’est comme si Jésus demandait : que disent les derniers sondages sur le Fils de l’homme ?
JÉSUS VEUT UNE RÉPONSE PERSONNELLE
Il en est tout autrement quand il faut donner une réponse précise et surtout personnelle. Une réponse qui engage. Les sondages n’engagent pas, ils mettent simplement en confiance. Mais Jésus change de niveau : « Et vous que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » On le voit, Jésus ne parle plus du Fils de l’homme, mais il dit
je ». Et là on sent comme un silence gêné.
Pierre est le premier — et le seul — à répondre. Il lance cette affirmation incroyable : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » Et il le croit. Mais il ne sait pas comment il a trouvé cette conviction. C’est Jésus qui met les choses au point. L’expression employée de « la chair et le sang » ne doit pas nous heurter, cela signifie simplement que ce n’est pas par sa raison humaine ni par ses facultés naturelles que Pierre a découvert cette réponse de foi.