Les chefs des prêtres et les anciens sont déjà en querelle ouverte avec Jésus: son succès grandissant les agace et les inquiète, depuis qu‘il est entré triomphalement à Jérusalem. Qui l‘a autorisé à se conduire de la sorte, quel rôle joue-t-il? Jésus ne refuse pas la discussion, il leur tend une perche pour les aider à changer de regard. Il commence par leur raconter une histoire: un homme avait deux fils. Aux deux il a demandé la même chose: aller travailler à sa vigne. Le premier a dit non pour finir par y aller, le second a dit oui mais n‘en a rien fait. Lequel a fait la volonté de son père? La réponse va de soi et ses interlocuteurs n‘hésitent pas une seconde. Mais, habitués qu’ils sont aux discussions des rabbins, ils devinent que, derrière cette question trop simple, se cache une leçon. Seraient-ils visés ? Jésus ne les laisse pas hésiter longtemps puisque, désormais, il s‘adresse à eux directement pour mettre en cause leur conduite.
Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu
Quelle audace! Chefs des prêtres et anciens consacrent le plus clair de leur temps à lire les Ecritures et à mettre en application toutes les prescriptions de la Loi de Moïse dans ses plus petits détails. On ne peut pas en dire autant des publicains et des prostituées! Comment pourraient-ils même prétendre être sur le chemin du Royaume? Elle est bien là, pourtant, peut-être, la grande annonce de ces paroles de Jésus: même pour les pécheurs invétérés, il n‘est jamais trop tard pour se convertir. Si les interlocuteurs de Jésus étaient de bonne foi, désireux de convertir leurs contemporains, au lieu de les condamner à perpétuité, ils accueilleraient cette parole de Jésus comme une très bonne nouvelle. Ezéchiel, déjà, six siècles plus tôt, l‘avait annoncé : « Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Parce qu‘il a ouvert les yeux, parce qu‘il s‘est détourné de ses fautes, il ne mourra pas, il vivra» (Ez 18, 27-28). Ses contemporains non plus n’avaient pas apprécié, ils avaient déclaré la conduite de Dieu bien étrange. Et voilà que l‘histoire se répète. Ceux qui se savent (ou se croient?) justes sont sans pitié pour les pécheurs, même convertis.
Jean-Baptiste est venu à vous et vous n‘avez pas cru à sa parole
Mais Jésus va encore plus loin : c‘est leur propre vertu qu‘il conteste ! « Vous ne vous êtes pas repentis pour croire à la parole de Jean-Baptiste.» Il ne situe donc pas la question sur le terrain de l’observance des commandements, mais sur celui de l‘accueil de la parole. C‘est leur dureté de coeur qu‘il dénonce, et leur refus de se remettre en cause. En définitive, ils ressemblent au deuxième fils de la parabole : ils prétendent faire la volonté du Père, mais ils ne se dérangent pas pour aller travailler à sa vigne.
Fiche biblique panorama