L‘Ancien Testament tout entier est traversé par un grand souffle d’espérance. Car le peuple d’Israël a appris de la bouche des prophètes une notion de l‘histoire tout à fait particulière : pour lui, l‘histoire n‘est pas un perpétuel recommencement, elle a un sens, c‘est-à-dire à la fois une signification et une direction. Il y a un début et une fin de l‘histoire et c‘est dans le cadre de cette histoire humaine que Dieu déploie son projet d‘Alliance avec l‘humanité. Au bout de ce long voyage, « l’Esprit sera répandu sur toute chair », selon la promesse du prophète Joël (JI 3, 1).
Dire « Les temps sont accomplis », c‘est dire que nous touchons au but, que toute la pédagogie déployée par Dieu auprès du peuple élu tendait vers cette phase ultime. Or, justement, Jean-Baptiste a vu dans la venue de Jésus l‘accomplissement de cette promesse : « Moi, je vous ai baptisés d‘eau, mais lui vous baptisera d‘Esprit saint », a-t-il dit au moment du baptême de Jésus.
Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle.
« La Bonne Nouvelle », dans l‘empire romain, c‘était la formule employée pour annoncer la naissance d‘un empereur ou sa venue dans la ville. C‘est bien le sens du discours de Jésus : « Le règne de Dieu est tout proche », dit-il. Nous devrions traduire : « Le règne de l’amour est tout proche. » Pour être au plus près du texte grec, il faudrait dire d‘ailleurs que le Royaume de Dieu « s‘est approché ». Ce qui veut dire deux choses. Premièrement, c‘est le Royaume qui s‘approche de nous et nous n‘avons qu‘à l‘accueillir. Deuxièmement, c‘est déjà une réalité, puisque l‘expression est au passé : « Le Règne de Dieu s‘est approché. » « Prenez courage, j‘ai vaincu le monde », dira Jésus, le dernier soir, à ses apôtres (in i6, 33). Voilà la très grande bonne nouvelle ! Se convertir, c‘est croire à cette bonne nouvelle, ou, pour le dire autrement, « croire que la nouvelle est bonne » ! Croire qu‘avec la force de l‘Esprit, nous pouvons faire grandir ce royaume déjà inauguré en Jésus-Christ Ressuscité.
Après l‘arrestation de Jean-Baptiste.
On sait que Jésus tient ce discours éminemment optimiste au moment précis où Jean-Baptiste vient d‘être livré. L‘arrestation de Jean-Baptiste par la police d‘Hérode Antipas, le successeur d‘Hérode le Grand pour la Galilée, vient pourtant de mettre brutalement fin à la mission du Précurseur. Cela n‘arrête pas l‘élan de Jésus, au contraire même, semble-t-il. Marc emploie ici (dans le texte grec) le mot « livré qu‘il reprendra de nombreuses fois par la suite au sujet de Jésus – « Le Fils de l‘Homme va être livré aux mains des hommes » (9, 31) –, puis des apôtres – « On vous livrera aux tribunaux et aux synagogues » (13, 9).
Manière de nous dire déjà : le sort de Jean-Baptiste préfigure celui de Jésus puis celui des apôtres. C‘est le lot commun des prophètes.
Fiche biblique « Panorama »