IL M’EST ARRIVÉ, il y a quelques années, de commenter les textes de ce 4ème dimanche de Pâques dans une petite église de montagne. Je ne connaissais pas les habitants, et eux‑mêmes ne me connaissaient pas. Après la messe, un des anciens du village n’a pas manqué de me faire remarquer que je né connaissais pas mes brebis et que je devais sans doute venir de la ville parce que je ne connaissais rien à leur vie, et rien à leur métier de berger. Bien évidemment, le ton était à l’humour. La lecture de l’évangile d’aujourd’hui me remet tout naturellement cet échange en tête.
L’image du berger nous parle sans doute bien moins qu’elle ne parlait aux contemporains de Jésus. Mais je ne crois pas pour autant qu’il soit nécessaire d’avoir été berger pour comprendre l’évangile de ce jour et découvrir toute la force d’amour inscrite au plus profond de cette parabole. Jésus est le bon berger parce qu’il paie de sa personne jusqu’au don de sa vie, qu’il connaît ses brebis et qu’il porte le souci de toutes les brebis pour les rassembler en un seul troupeau. L’ancien du village m’a fait découvrir combien un troupeau était important pour son berger. Le troupeau est toute sa richesse, et bien souvent sa seule richesse. Dès lors, chaque tête du troupeau compte. Jamais un berger ne peut se résoudre à abandonner ou à perdre une de ses brebis: ce sont elles qui le font berger à la manière même dont nos communautés sont appelées à faire se lever au milieu d’elles des pasteurs.