Je crois que nous ne prenons pas assez au sérieux l’objection que les Juifs discutent entre eux. « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Nous, nous n’offrons aucune résistance aux paroles de Jésus, pourtant inadmissibles, scandaleuses, à première vue. Pour nous, ça va de soi. Pas de problème ! Nous pensons comprendre à moins que, par négligence ou souci de tranquillité, nous repoussions loin de nous la difficulté.
Oui, il nous faut prendre la question au sérieux pour mieux approcher l’extraordinaire réalité que Jésus nous propose : sa chair à manger ! De quoi s’agit-il ? Le début de l’évangile ouvre le chemin. « Et la Parole s’est faite chair», proclame-t-il. Jésus, la Parole divine faite homme ! Celle qui a fait naître l’univers. Celle qui a nourri d’espérance le peuple d’Israël en exil. Celle qui a réveillé le même peuple juif chaque fois qu’il larguait l’alliance qu’il venait de passer avec Dieu. Celle qui est venue habiter cet enfant nommé Jésus.
Manger sa chair, c’est manger la Parole faite chair et s’en nourrir. Boire son sang, c’est boire la Parole de vie (le sang chez les Juifs est le symbole de la vie).
Dans nos assemblées dominicales, liturgie de la Parole et liturgie du pain eucharistique sont-elles assez liées l’une à l’autre ? Partager le pain de la Parole, partager le pain eucharistique : deux manières de » manger la chair du Christ « .