Jésus touche le corps souffrant de l’homme sourd et muet. Il ne se contente pas de l’effleurer, de lui imposer les mains, comme le lui recommandent ses compagnons. Non. Le prophète itinérant s’implique dans la relation. Il choisit un mode de guérison apte à établir une communication authentique: la communion des corps. Jésus met ses doigts dans les oreilles malades, il touche la langue de celui qui ne sait pas parler et enduit celle-ci de sa propre salive. Tout cela avec pudeur, dans l’intimité, loin de la foule. Toucher, c’est aussi se laisser toucher, consentir au silence souvent, afin de ne pas troubler une relation ou tout simplement la rendre possible. Toucher, c’est se faire compagnon d’humanité: accepter l’autre tel qu’il est, s’accepter soi‑même tel que l’on est et reconnaître dans ce contact que l’homme passe l’homme.
Chercher à imiter Jésus dans son ministère de guérison paraîtra sans doute bien prétentieux. Il semble en effet que ce charisme soit réservé à quelques personnes seulement. Mais cette restriction ne provient‑elle pas du fait que nous assimilons trop volontiers le don de guérison à quelque chose de prodigieux, de magique?
Il existe des guérisons discrètes et silencieuses. Elles sont le fruit de gestes simples: ouvrir ses bras aux pleurs d’un enfant, prendre la main d’un malade, caresser le visage d’un mourant… Ces gestes se passent de paroles. Ils invitent à la relation. Ouvre‑toi, tu es aimé, tu es aimé de Dieu.