Il regardait. Il regardait souvent. Ce jour-là, c’était dans le Temple. Il avait vu des scribes avec de grandes robes et il avait dénoncé leur suffisance et leurs mensonges. Maintenant, il regarde les gens qui mettent de l’argent dans le tronc face à la salle du Trésor. On entend tomber les lourdes pièces d’or ou d’argent. Il y a des riches qui sont généreux. Jésus reste silencieux.
Voici qu’arrive une pauvre femme, une veuve. Elle tient deux piécettes au bout des doigts. Elles ne font pas grand bruit en arrivant dans le tronc. La petite silhouette s’éloigne en silence et jésus élève la voix. Il dit à ses disciples: « Elle a mis dans le tronc plus que tout le monde». Deux piécettes de cuivre sur le monceau d’or et d’argent ? Non, jésus a d’autres manières d’évaluer. Les autres ont écorné leur superflu. « Elle, elle a pris sur son indigence. Elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre ». En réalité le texte grec, plus concis que cette traduction, écrit: «toute sa vie». Entre le superflu et… la vie, peu t-on comparer?
Jésus assis dans le Temple aurait pu regarder la belle architecture ou fermer les yeux pour prier. Il regardait les gens et les sous, il écoutait des bruits d’argent. Son regard pénétrait les coeurs. A savoir si jésus ne s’intéresse pas à notre portefeuille, à notre « vie » ? Lui qui désigne l’idole: ‘Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent ».
Et la pauvre veuve sans nom, qu’est-elle devenue ? Il a suffi qu’elle donne trois fois rien – tout! – pour qu’elle nous précède jusqu’à la fin des temps.