J’avoue que j’étais content,
Seigneur,
lorsque, l’été dernier,
je voyais un peu partout en France
des affiches avec, en énormes caractères:
« Aimez vos ennemis. »
Pour une fois,
ces panneaux publicitaires disaient la vérité.
En plus, ils n’avaient rien à vendre.
Peut‑être sommes‑nous trop habitués
à tout pouvoir acheter sans rien devoir à personne
pour avoir encore le coeur bouleversé
par tes mots, Seigneur.
Mais au fond de chacun,
très profondément quelquefois,
sommeille le désir de gratuité,
le désir de vivre un peu follement, sans intérêt,
de vivre sans condamner ni trahir,
simplement pour le plaisir d’être et de donner.
Pour le plaisir de te ressembler.