Comment, en lisant cet évangile, ne pas se rappeler ces propos de Charles Péguy : « Si tous les exemplaires de l’Évangile devaient être détruits dans le monde, il faudrait que l’on garde au moins une page, celle qui relate la parabole de l’enfant prodigue, pour comprendre enfin qui est Dieu : ce Père qui veille, qui attend, ouvre ses bras, pardonne… » ? C’est vrai : cette page d’évangile est extraordinaire, peut être une des paraboles les plus émouvantes. Vu d’Afrique, le départ du fils reflète bien des situations vécues dans de nombreuses familles. Ici et là, des milliers de jeunes s’éloignent de la maison paternelle avec le désir d’affirmer leur autonomie et d’exercer leur liberté. Prenant leur part d’héritage, ils quittent famille, village et pays, symboles souvent d’ennui et de monotonie. Ils pensent trouver bonheur et opportunités dans un ailleurs imaginaire. Mais le rêve ne correspond pas toujours à la réalité et le retour n’est pas facile… Si cette parabole est si touchante, c’est parce qu’elle est une grande histoire d’amour et l’expression de la plus belle image de Dieu. Un père prodigue, généreux, miséricordieux. Un géniteur de réconciliation qui réintègre le fils cadet et le réconcilie avec le fils aîné. Pour le père, l’amour ne se négocie pas et la fidélité ne crée pas des obligations. L’Évangile ne fait rien d’autre que raconter l’amour de Dieu. Un Dieu qui peut réunir ses enfants aussi bien par le chemin de la révolte que par celui de l’obéissance. Ce même Dieu, aujourd’hui, voudrait bien que sa Parole prenne chair dans nos visages et dans nos vies