Faut-il se résoudre à choisir la meilleure part entre le service de Marthe et l’écoute de Marie ? Les commentaires n’ont pas manqué à ce sujet, semblant parfois opposer l’attitude des deux sœurs. Certes, que signifie une présence au Christ qui ne se traduit pas par un service ? Et à l’inverse, qu’est-ce que le service du frère s’il ne s’enracine pas dans la foi au Christ ? Cet équilibre délicat demande beaucoup de vigilance. Beaucoup d’entre nous connaissent, à un moment de leurs engagements ou de leurs responsabilités pastorales, la fatigue, le découragement, le «passage à vide». La tâche est-elle trop lourde ? La mission, mal définie ? L’isolement épuise-t-il l’enthousiasme ? Le ressourcement devient-il insuffisant ? Ce que nous faisons a-t-il toujours un sens ? Marthe et Marie, dans le service et l’écoute de Jésus, interrogent notre vocation de laïcs. Elles éclairent ce point d’équilibre entre le service du frère et l’attachement au Christ que nous partageons tous, quelle que soit notre façon de vivre le baptême. Nous pouvons entendre cette nécessité d’équilibre en nous appuyant sur la vie communautaire dans le souci que nous avons les uns des autres. Comment pouvons-nous nous accompagner mutuellement pour entretenir le sens de ce que nous vivons, rassemblés autour du Christ ? Nourrir le sens de nos engagements pastoraux est d’abord un don à demander à l’Esprit Saint. Mais ce sens surgit aussi de nos relations fraternelles et de nos complémentarités. Les laïcs occupés que nous sommes ont à unifier leurs deux parts : la meilleure et aussi celle qui reste.