Le berger et la femme de l’évangile ont en commun de chercher jusqu’à ce qu’ils aient retrouvé. Même constance dans l’attente du Père à l’égard du fils rebelle et dans sa sollicitude vis-à-vis de l’aîné qui boude la fête. Tous les trois nous donnent l’image d’un Dieu en quête de l’homme, pour reprendre le titre d’un livre d’A. Heschel, rabbin contemporain qui voit dans le «Adam, où es-tu?» de Genèse 3, le résumé de toute la Bible. Mais encore faut-il que nous ayons conscience d’être perdus, à la dérive -*ou encore de « mourir de faim » pour que ces paraboles prennent saveur. Il ne s’agit pas ici de cultiver une culpabilité d’ordre moral, morbide ou stérile, mais de considérer notre réalité humaine et personnelle à l’aune de l’amour de Dieu.
Sans oublier que pour cela, il nous «faut» invoquer son Esprit d’amour et de vérité qui, seul, peut briser les coquilles de respectabilité, de rébellion ou d’indifférence qui nous isolent de Dieu ; et le faire sans nous casser mais en nous laissant désarmés et vrais en sa présence. Un type d’expérience qui ne nous est peut-être pas étranger, ne serait-ce que sur le plan humain à l’occasion de réconciliations ou de retrouvailles.
Et c’est peut-être cette expérience qui manque au frère aîné dont la bonne observance, la régularité, une moralité irréprochable cachent – tout autant que la révolte affichée – une profonde méprise sur Dieu et sur soi-même. La poursuite d’une image idéale de soi n’est-elle pas souvent un handicap plus lourd que la misère affichée et reconnue ? Mais qu’avons-nous à craindre d’être en vérité quand le Dieu qui se révèle est Celui qui ne cesse de nous chercher et de guetter nos retours ? •