Notre monde est insensé : tandis que les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent. Et même si, statistiquement, de nombreux pauvres le sont moins que naguère, le décalage s’accroît d’avec les fortunés. Chacun sait que ce n’est pas l’argent qui manque pour mieux équilibrer les situations sociales (qu’on pense à la vente d’armes, au scandale de la corruption, à l’insatisfaction permanente du profit…). Que l’argent utilisé – ou accumulé – qui suffirait à éloigner la misère, celle qu’on connaît, celle qu’on apprend dans de multiples pays, les « pays de la faim » !
Que nous atteigne l’image d’un enfant squelettique, nous ressentons alors un moment de compassions. Insuffisant. Quels que soient par ailleurs ses choix politiques, c’est le citoyen en nous qui doit vouloir un monde plus juste.
Au temps de Jésus, ces choix, cet engagement, ne se posaient pas. Nous sommes devenus collectivement plus responsables. Mais l’Evangile attaque à la racine notre suffisance de nantis, notre incapacité à voir les malheureux, notre inconscience méprisante. Et cela va bien au-delà de notre attitude concrète, difficile à trancher, face aux mendiants de nos rues. La sécheresse de cœur, qu’on soit chrétien ou non, est une calamité mondiale. Nul ne peut vouloir l’argent et la fraternité.