Jean était en prison. Tant de Jean aujourd’hui enfermés en prison. Quand les autorités des Etats, des Eglises, réduisent au silence ceux et celles qui pensent et qui parlent autrement, les condamnent, les enferment parce qu’ils sont différents et qu’ils sont dangereux. Et ceux et celles aussi qui posent des questions, bousculent des certitudes, dérangent l’ordre établi. Comme ceux et celles encore qui osent simplement dire tout haut leurs doutes et leurs hésitations. Mais du fond des prisons, autant de voix s’élèvent, de messages qui disent : « Est-ce bien toi notre Dieu ? »
Car Jean, dans sa prison, s’était mis à douter. II avait attendu un Dieu qui serait puissant, qui porterait la cognée à la racine de l’arbre, dont la pelle à vanner séparerait clairement le bon grain de la paille. Un juge qui s’imposerait. Qui se ferait obéir. Ses disciples, à sa suite, feraient tout pour imposer ce Dieu qui est le leur. Pour que tous voient sa gloire et sa suprématie et qu’ils le reconnaissent. Pour qu’ils sachent que seuls ceux et celles qui le suivent détiennent la vérité et ont les solutions. Mais Jean avait des doutes : « Est-ce bien là son Dieu ? Faut-il attendre un autre ? »
La réponse vint à Jean, comme un petit peu d’air frais, une odeur de printemps, quelques notes de musique au travers des barreaux. Une voix qui susurrerait des mots doux à l’oreille. Regarde donc et vois. Déjà des barreaux tombent pour ceux et celles qui acceptent la différence. Et tombent les barbelés tendus pour séparer les bons de ceux qui sont mauvais, protéger ceux et celles qui ont la vérité. Déjà les lépreux sont reçus à bras ouverts. Les aveugles ouvrent l’oeil. Les sourds tentent l’oreille. Et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Voilà ton Dieu qui vient.