La discrétion de Joseph est tout à son honneur, signe évident de son amour. L’évangéliste évoque la raison de son attitude : c’était un « homme juste ». Comment cela ? Est-ce être juste vraiment que d’accepter l’inacceptable ? La puissance d’un amour ne peut effacer le fait que Marie soit enceinte avant même qu’ils aient été ensemble. Joseph accepte cette situation injuste pour lui et va même la cautionner en donnant à l’enfant le nom de Jésus. Comprenons. En qualifiant Joseph de « juste », l’évangéliste ne fait pas l’éloge de sa naïveté amoureuse. Dans le langage de la Bible, la « justice» consiste à correspondre le mieux possible au projet de Dieu.
Est juste celui qui fait pleine confiance au Seigneur Dieu, au-delà de toute épreuve. Or, l’enfant engendré en Marie «vient de l’Esprit Saint». Les derniers prophètes ont annoncé l’irruption prochaine du Souffle de Dieu pour balayer haine et peine. Le monde sera neuf comme au premier jour. Joseph comprend que la naissance de l’enfant de Marie entraîne la naissance des temps de Dieu.
Avec Jésus, Dieu vient « sauver » son peuple. Joseph, parce qu’il est juste, parce qu’il s’efforce d’être en cohérence avec sa foi, parce qu’il s’est nourri de l’espérance prophétique, fait ce que l’Ange du Seigneur lui a prescrit. Son aventure est exemplaire. L’évangéliste voudrait que ses lecteurs s’accordent, comme Joseph, au diapason de Dieu. Qu’ils méditent à leur tour les Écritures et témoignent que Dieu n’est pas le créateur lointain ou indifférent, le grand horloger du monde, mais bien quelqu’un qui est «avec nous». Il est devenu notre frère en Jésus. Joseph, une histoire à saisir avec justesse, avec « justice»