II y avait deux temps. II y avait deux mondes. Celui de Jean-Baptiste. Né de parents âgés dans un monde qui avait beaucoup trop attendu sans jamais voir venir. Et ce Jean qui baptise, dans une terre trop sèche, n’est même pas le Messie. Et quand on est ainsi usé, las, fatigué, on resserre les rangs. On s’enferme dans des lois que l’on doit respecter et tant pis si elles sont d’un autre âge, dépassées. On s’enferme dans des rites qu’il faut pratiquer, même s’ils n’ont plus de sens : au moins qu’il reste cela. Mais comment pourrait-on naître, vivre et grandir dans un monde aussi vieux.
II y avait deux temps. II y avait deux mondes. Le monde de Jésus, né d’une mère toute jeune, qui court à travers monts pour crier son bonheur. Un Jésus surprenant. Qui passe trente années sans faire parler de lui. Un Jésus qui n’est pas là où on l’attendrait. Qui ne commence pas sa mission dans le temple, ni même dans la ville sainte. Mais bien au bord du lac, au milieu des pêcheurs. Un Jésus qui est là où on ne l’attend pas : au milieu des malades, des lépreux, des exclus ; à la table des pécheurs ; dans une crèche, sur une croix. Mais ce Jésus est-il celui que nous attendons ?
II y avait deux temps. II y avait deux mondes. Heureusement l’ancien monde a fait place au nouveau. Quand Jean-Baptiste a dit : « Je ne le connaissais pas mais l’Esprit est sur lui et il est avant moi. Moi, j’en rends témoignage. » Et depuis ce temps-là, un nouveau monde est né. Une attente nouvelle. Espérance rajeunie. En un monde où l’amour dépasse toute loi. Un monde où l’homme est roi. Où l’exclu reprend place, le pauvre mange à sa faim, l’enfant est le premier, la femme relève la tête, le pécheur est aimé. Ce monde, pourquoi l’attendre et ne pas le construire ?