C’est quasiment une mutinerie que nous raconte aujourd’hui le livre de l’Exode : faisant confiance à Moïse, le peuple hébreu, fuyant l’esclavage en Égypte, a accepté de s’enfoncer dans le désert vers cette terre que le Seigneur lui a promise. Mais voilà que l’eau commence à manquer: une véritable catastrophe pour ces populations nomades et leurs troupeaux. Dieu serait-il en train de les abandonner ? Les fils d’Israël, furieux, interpellent Moïse : « Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou bien n’y est-il pas? » Question inévitable dans toute vie spirituelle qui, immanquablement, un jour ou l’autre, traverse un « désert ». Comment garder confiance en un Dieu dont on n’est plus tout à fait sûr de l’existence ? Comment garder la foi malgré le doute qui nous envahit lorsque la vie se fait plus âpre et difficile ?
Lorsque nous disons le « Notre Père », nous demandons notamment à Dieu de ne pas nous laisser « succomber à a tentation ». Lorsque la nuit tombe sur nos existences, il faut tenir ferme cette prière afin que nos souffrances, nos épreuves, ne sèment pas des germes de doute en notre cœur. Nous sommes généralement « tentés » de faire le contraire : parer au plus pressé en oubliant notre rendez-vous avec le Seigneur, comme si la prière devenait secondaire, comme si nous pouvions nous en sortir sans Lui !
Mais seule la petite flamme tremblotante de notre prière pourra faire reculer la nuit. Une pauvre prière de pauvre répétant inlassablement la demande implorante de la Samaritaine: « Seigneur, donne-moi de ton eau vive. » L’écrivain Georges Bernanos l’écrivait avec force: « L’espérance est un désespoir surmonté… »