L’aveugle était debout, à la sortie du temple. Un de ces mendiants qui font partie du paysage. Qu’on ne remarque plus. Mais Jésus, lui, l’a vu. II ne supporte pas que nous laissions un homme sur le bord de la route. II lui touche les yeux. « Va te laver », dit-il. L’homme y va et il voit. II voit ceux et celles qui déposaient la piécette dans la main qu’il tendait. II voit ceux et celles qui se détournaient de lui comme on fuit un pécheur. II découvre la lumière qui donne couleur et vie. Mais aussi les ténèbres, les zones d’ombre où l’on meurt. II a des yeux maintenant. C’est à lui de choisir.
Et il en voit, l’aveugle. II y a les voisins. Ceux et celles qui se demandent si c’est encore bien lui : un aveugle qui voit, est-ce que c’est bien normal, est-ce encore le même homme ? Et puis les pharisiens qui toujours et partout vous attendent au tournant. Ceux et celles qui parlent au nom même de Dieu lui disent ce qu’il doit faire. Qui savent ce qui est bien, surtout ce qui est mal. Qui séparent, qui jugent. Et qui ont le pouvoir de jeter à la porte ceux qui disent voir clair. II n’y a de pires aveugles qui ceux qui ne veulent pas voir.
Aussi est-il grand temps de ne pas se laisser aveugler par ceux qui ont peur qu’on ne voie clair. De reconnaître celui qui dit être venu pour une remise en question. Voir ceux et celles qui ne s’embarrassent pas des idées préconçues, des jugements tout faits. Mais qui sont pour les autres des signes d’espérance. Qui luttent et qui se battent contre l’obscurantisme, les ténèbres et la mort. Pour que la nuit recule et que la lumière soit. Pour que l’homme vive debout. Pour que l’homme voie clair.