Dans le passage qui précède, Jésus vient de parler à ses disciples de « la venue du Fils de l’homme », et il a ajouté : « Ce jour ou cette heure, nul ne les connaît, ni les anges du ciel, ni le Fils, personne sinon le Père » (13, 32). D’où l’importance de veiller, de peur de nous laisser surprendre. Et la suite du texte va dans ce sens : « Vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. » Le « chant du coq », c’est probablement une allusion au reniement de Pierre (on sait que Marc était très proche de Pierre). Cette phrase est une mise en garde : si vous n’êtes pas attentifs au jour le jour, il peut vous arriver de me renier sans y prendre garde.
Quelques heures avant la défaillance de Pierre, Jésus, à Gethsémani, avait dit aux trois apôtres qui l‘accompagnaient : « Veillez et priez afin de ne pas entrer au pouvoir de la tentation » (Mc 14, 38). Et il avait ajouté : « L‘esprit est plein d’ardeur, mais la chair est faible. » Manière de dire à quel point nous sommes perpétuellement écartelés entre les valeurs du Royaume et le retour à l’égoïsme, l’indifférence, la lâcheté.
Voilà qui éclaire notre texte d’aujourd’hui : veiller veut dire prier, non pas prier le Père de réaliser son Royaume lui-même, tout seul, sans nous. Mais prier pour être remplis de son Esprit et désormais regarder le monde, qui est la matière première du Royaume, avec les yeux de Dieu si l’on peut dire. Et, alors, pouvoir agir dans le sens du Royaume. En quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs.
Nous voilà promus gardiens de la maison de Dieu ! « Il en est comme d’un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller. » Nous sommes ces serviteurs, ce portier. Voilà la Bonne Nouvelle qui nous sera répétée tout au long de l’Avent : nos vies, si modestes soient-elles, peuvent contribuer à la gestation de l’humanité nouvelle. C’est ce qui fait notre grandeur. C‘est peut-être bien l‘une des raisons pour lesquelles personne, pas même le Fils (tant qu‘il était parmi nous) ne connaît l‘heure de l‘avènement définitif du Royaume : c’est que nous avons notre part dans sa construction. Serviteurs munis de tout pouvoir, portiers de la maison de Dieu : il nous revient d’y faire entrer tous les hommes. Sans oublier la leçon de la parabole des talents : le maître de maison nous fait confiance, il nous confie ses trésors. La seule réponse digne consiste à lui faire confiance en retour et à nous retrousser les manches Fiche biblique Panorama